Yann Furic
B.B.A., M. Sc., CFAMD
Gestionnaire principal, répartition d’actifs et stratégies alternatives
Stabiliser l’inflation, une tâche plus ardue que prévu
Les déboires des banques régionales américaines continuent de secouer les marchés.
Les résultats des entreprises pour le premier trimestre surpassent les attentes, mais la prudence reste de mise.
Globalement, le secteur manufacturier ralentit, mais la demande pour le secteur des services est toujours forte.
SURVOL DES BOURSES MONDIALES |
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Pays |
Indice |
Rendement |
Évolution |
Rendement cumulatif |
Canada |
S&P/TSX |
+2,90 % |
|
+7,59 % |
États-Unis |
S&P 500 |
+1,78 % |
|
+9,28 % |
|
Nasdaq |
+0,28 % |
|
+17,24 % |
Bourses internationales |
EAFE |
+3,05 % |
|
+11,64 % |
Pays émergents |
|
-0,92 % |
|
+2,88 % |
Chine |
MSCI Chine |
-4,95 % |
|
-0,59 % |
*Tous les chiffres sont en devise canadienne.
Source : Morningstar Direct.
Événements marquants
Banques régionales américaines à risque
Durant la dernière année, la forte hausse des taux d’intérêt a eu raison de certaines banques régionales américaines moins solides telles que la Silicon Valley Bank (SVB) de San Francisco. Aux États-Unis, ces banques régionales sont soumises à une règlementation beaucoup moins stricte que les grandes banques, ce qui est à l’origine de leurs difficultés actuelles.
Dans chaque cas, les autorités américaines sont intervenues rapidement pour éviter une contagion dans le reste du système financier. Il est fort probable qu’à terme, ces récents développements mèneront à une consolidation du secteur financier qui avantagera les grandes banques telles que JP Morgan.
Évolution des marchés en avril
Le mois dernier a été positif pour les portefeuilles obligataires et boursiers à travers le monde, à l’exception de ceux des marchés émergents.
Banques centrales et situation économique
L’inflation continue sa lente désescalade au Canada et aux États-Unis, mais à un rythme beaucoup moins rapide que celui escompté par les banques centrales. La réponse mitigée des économies aux actions des banques centrales pourrait entraîner de nouvelles augmentations des taux d’intérêt et leur maintien à des niveaux élevés.
Lors de sa rencontre du 12 avril, la Banque du Canada a maintenu son taux directeur inchangé. Sa prochaine rencontre se tiendra le 7 juin. Du côté de la Réserve fédérale américaine, les taux ont connu une nouvelle hausse de 0,25 % le 3 mai et le marché anticipe une hausse supplémentaire en juillet, avant que ne s’amorcent les baisses de taux en fin d’année. Les annonces des banques centrales et les données officielles concernant l’inflation et l’emploi continuent d’orienter les actions des banques centrales.
Si les taux d’intérêt restent élevés durant une période plus longue que celle anticipée par les marchés, les profits des entreprises en seront influencés négativement. Les résultats du premier trimestre sont meilleurs qu’anticipés, mais les entreprises restent prudentes dans leurs commentaires.
Où sont les travailleurs?
La pénurie de main-d’œuvre qui existait avant la pandémie ne s’est pas résorbée. Le secteur de la technologie (Google, Apple, Amazon) a annoncé des licenciements, tout comme le secteur financier américain (banques régionales), mais la demande de travailleurs reste forte.
Le ralentissement économique devrait mener à des pertes d’emploi, mais paradoxalement, la pénurie actuelle devrait les limiter. Cette pénurie semble structurelle au Canada, où il y a de moins en moins d’individus dans la catégorie d’âge des 18 à 24 ans pour remplacer ceux qui partent à la retraite (les 64 à 69 ans).
Depuis les années 1970, la population canadienne dans ce groupe d’âge (64 à 69 ans) prend de plus en plus d’importance par rapport au groupe des 18 à 24 ans. Alors qu’en 1971 il y avait 4,5 individus de 18 à 24 ans pour remplacer un individu partant à la retraite, ce ratio s’est maintenant rétréci à 1,5. C’est la raison pour laquelle un ralentissement économique aurait un effet plus limité sur les pertes d’emplois que dans le passé.
Emploi aux Canada et aux États-Unis : toujours robuste
Aux États-Unis, la création d’emplois a été plus élevée qu’anticipé à 253 000 par rapport aux 185 000 attendus. Le taux de participation de la population active est resté stable à 62,6 % et le taux de chômage a chuté à 3,4 %. En hausse de 4,4 %, le taux horaire d’avril est supérieur à celui du mois dernier, ce qui constitue un élément négatif sur le plan de l’inflation. Le marché de l’emploi maintient sa vigueur.
Au Canada, la création de 41 400 emplois est près du double des attentes. Le taux de chômage est resté stable à 5 % et le taux de participation de la population active ne bouge pas à 65,6 %. Les salaires ont augmenté de 5,2 % sur une période d’un an, ce qui dépasse de loin les attentes de 4,8 %. Cette hausse imprévue pourrait obliger la Banque du Canada à relever son taux lors de sa prochaine rencontre.
Résultats – obligations canadiennes
L’indice des obligations universelles FTSE Canada, regroupant les obligations, a affiché un rendement positif de 4,23 % depuis le début de l’année.
(Source : Morningstar Direct)
Comportement de nos fonds
Notre veille stratégique
Tenant compte du contexte actuel, nous continuons de privilégier la prudence dans nos investissements. Nos gestionnaires externes valorisent les titres de qualité, dont la volatilité est moindre que celle du marché. Ils cherchent aussi à prioriser les entreprises qui ont la capacité de transférer les hausses de coûts pour limiter l’effet de l’inflation sur leurs marges de profit.
Sur le plan tactique, nous avons conservé notre positionnement dans les titres de croissance de grandes capitalisations aux États-Unis qui réagissent positivement à une stabilisation des taux d’intérêt, et également, dans les titres avec un historique de croissance des dividendes qui sont plus défensifs.
Tactiquement, nous continuons de privilégier les titres de grandes capitalisations dans les pays développés.
Principaux risques
- Une politique monétaire trop restrictive pourrait causer une récession importante ou entraîner d’autres problèmes, comme celui de la récente crise des banques régionales américaines.
- Des taux élevés durant une période prolongée auraient comme conséquence de réduire les profits des entreprises.
- La possibilité d’un épisode de stagflation, c’est-à-dire d’une croissance économique anémique et d’une inflation élevée, est toujours présente. Cette situation est négative pour les marchés boursiers.
- Une escalade du conflit en Ukraine pourrait déborder vers d’autres pays européens.
- Il est également possible qu’il y ait une aggravation des tensions entre la Chine et les États-Unis concernant Taiwan.
Indicateurs fondamentaux
Certains indicateurs économiques que nous continuons de suivre en avril.
Taux directeurs au Canada, en Europe et aux États-Unis
Les hausses de taux sont suspendues ou se poursuivent, et les banques centrales sont toujours déterminées dans la poursuite de leurs mesures pour réduire les pressions inflationnistes.
Les hausses pourraient être plus importantes qu’anticipé, en fonction des données économiques, et les taux rester à des niveaux élevés plus longtemps que prévu.
Les dernières données sur l’emploi au Canada et aux États-Unis ouvrent la porte à des hausses de taux supplémentaires.
Indice global des directeurs d’achats
Les indications provenant des acheteurs sont partagées. La composante manufacturière annonce un ralentissement économique, alors que la composante services est, pour sa part, en croissance.
Taux d’inflation
Le taux d’inflation continue de surpasser la cible fixée par les banques centrales, qui se voient obligées d’augmenter leurs taux directeurs ou de les maintenir élevés. La tendance à la baisse devrait se poursuivre, mais elle s’avère beaucoup plus lente que ce qu’avaient anticipé les investisseurs et les banques centrales, dont les politiques restrictives pourraient perdurer encore un bon moment.
Sur le plan des salaires, l’inflation reste importante, tant au Canada qu’aux États-Unis.
Gestionnaire principal, répartition d’actifs et stratégies alternatives
Source des données : Bloomberg
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