Financière des professionnels
 
Mon compte

À la veille d’une période estivale que nous souhaitons des plus ressourçante, nous avons demandé à notre chef des placements Daniel Solomon et à deux stratèges de son équipe, Yann Furic et Max D’Alessandro, de vous résumer ce qu’ils retiennent de ce premier semestre de 2025 et comment ils entrevoient la suite.

Comment qualifier les marchés depuis le début de l’année?

Marchés hausse
 
  • Le choc brutal des négociations et des changements à l’ordre mondial a cédé la place à une forme de résilience et surtout à l’attente que la situation évolue dans la bonne direction malgré tout.
  • Les marchés réagissent encore, mais moins violemment, à des annonces comme celle du 30 mai dernier concernant les tarifs sur l’acier : ils assument désormais que les tarifs finaux négociés seront moindres et que les déclarations sont des techniques de négociation. Une dynamique s’est installée : la proclamation initiale et ensuite, un délai, une exemption.
  • Il y a cependant un risque de complaisance de la part des marchés, une situation que nos gestionnaires surveillent de près.
  • Finalement, ces premiers six mois mettent en lumière ce que nous enseigne l’histoire des marchés : il est extrêmement difficile de prédire les mouvements marquants. D’où l’importance de ne pas réagir au jour le jour et d’adopter une perspective plus large pour évaluer correctement les retombées réelles des annonces.

Quels sont les scénarios à l’heure actuelle?

Scénarios-stratégies
 

La durée de l’incertitude et l’ampleur des tarifs détermineront si la situation est soutenable pour l’économie avec juste un ralentissement, ou s’il y aura des conséquences plus importantes à moyen terme.

  • Le meilleur scénario: des tarifs à 10 % pour tous les pays. C’est une forme de taxe et les pays s’ajustent, ils redéfinissent leurs niveaux d’échanges et les relations commerciales sont stables. Toutes les entreprises connaissent la nouvelle norme et peuvent planifier en conséquence. Ce scénario intègrerait un certain niveau de tarifs et même s’il reste négatif, il permettrait de trouver des accommodements entre les prix d’importation, les taxes et une inflation légèrement plus élevée.
  • Scénarios moins optimistes: des taxes beaucoup plus élevées qui ont un effet important sur le commerce mondial, ou une incertitude prolongée qui crée un ralentissement économique à cause de l’incapacité de prendre des décisions ou de continuer à faire des affaires. Ces scénarios impliqueraient une incertitude qui perdure et une réduction des échanges économiques, ou encore des tarifs plus élevés, qui ne pourraient être absorbés sans un fort ralentissement économique.  

Comment les marchés se sont-ils comportés?

Marchés boursiers
  • À moyen terme, les marchés boursiers tendent à monter ou descendre en fonction des résultats financiers globaux des entreprises. Si l’ensemble des annonces de l’administration américaine nuit aux profits, mais pas de façon permanente, les marchés se maintiendront.
  • Présentement, le marché américain est résilient, mais les entreprises font du sur place: elles retardent certains projets et anticipent des profits moins élevés, mais pas catastrophiques.
  • Ailleurs dans le monde, les marchés se portent mieux. Par exemple, les marchés européens, et notamment l’Allemagne, ont connu une remontée et deviennent plus intéressants pour les investisseurs.
Marchés obligataires
  • Même s’ils ne semblent pas exercer une influence majeure, les marchés obligataires sont tout aussi, sinon plus importants, parce qu’ils sont liés à la capacité des gouvernements à financer leurs activités. Les entreprises dépendent des marchés obligataires pour emprunter à un coût raisonnable, ce qui a un impact direct sur leurs profits et donc, sur leur évaluation boursière.
  • En début d’année, l’arrivée au pouvoir de Donald Trump a suscité une certaine frénésie et des attentes de baisses de taux et d’excellentes performances économiques.
  • La suite n’a pas été à la hauteur : les taux pour les obligations américaines de 10 ans ont dépassé à quelques reprises le seuil psychologique de 4,5 % à cause de la nécessité de compenser davantage les investisseurs pour l’incertitude économique ambiante.
  • Depuis le début mai, la tendance à la hausse des taux obligataires est due aux déficits trop élevés de la dette gouvernementale: le marché obligataire exige un contrôle des dépenses.
  • Du côté des écarts de crédit, cependant, nous sommes revenus à la situation du début d’année avec même, dans certains cas, des écarts plus serrés. Concrètement, ça signifie que le marché perçoit moins de risque de défaut de paiement et est optimiste quant à la santé financière des emprunteurs. On observe un engouement pour le marché obligataire corporatif comme on n’a pas vu depuis longtemps.

Quelles sont les attentes concernant les taux d’intérêt?

 
  • Pour ce qui est des baisses de taux, les données sur l’inflation (actuelle ou anticipée) ne justifient pas de coupures importantes de l’un ou l’autre côté de la frontière : même au Canada, avec des taux d’environ 3 %, il est difficile d’envisager d’autres baisses, ou alors une ou deux.
  • Du côté des États-Unis, la Réserve fédérale américaine (Fed) pourrait réduire ses taux directeurs si les données démontrent des signes de faiblesse de l’économie. Malgré le fait que Donald Trump demande constamment des baisses de taux, le gouverneur Powell devra cependant attendre que les retombées réelles des mesures mises de l’avant par l’administration américaine se concrétisent pour justifier de telles coupures.

De façon générale, comment se sont comportés les portefeuilles durant le premier semestre?

 
  • Les obligations et le revenu fixe ont atteint un niveau de valeur non négligeable en termes de diversification et de rendement courant pour générer un revenu stable et prévisible. Selon votre profil d’investisseur, détenir du revenu fixe apporte donc une forme de stabilité dans votre portefeuille, et est complémentaire aux actions.
  • Il y a eu une tendance ces dernières années à concentrer les investissements dans les actions américaines : le dernier semestre a toutefois rappelé la place dans le portefeuille d’actifs d’autres pays ou régions pour obtenir une meilleure diversification, comparativement à une surconcentration dans le marché américain.
  • Les politiques économiques pourraient entraîner une résurgence d’intérêt pour l’Europe et pour d’autres parties du monde comme l’Asie, le Japon ou les marchés émergents.
  • Des opportunités existent toutefois dans le marché américain où il y a encore des compagnies très intéressantes.
  • La dispersion et la volatilité actuelles sont créées par des nouvelles fracassantes qui ne sont ni durables, ni différenciées puisqu’elles frappent toutes les industries, sans distinction. Elles ne tiennent aucun compte de la qualité des entreprises ou de leur gouvernance et ne permettent pas de les comparer dans un secteur donné.
  • Vos gestionnaires de placement sont là pour faire la part des choses en identifiant les titres de qualité, qui ont des perspectives durables dans le temps.

Que retenir du point de vue de la stratégie d’un portefeuille?

 
  • Maintenir une exposition diversifiée aux marchés mondiaux.
  • Ne pas négliger les obligations parce qu’elles commencent à être plus intéressantes en termes de rendements, même les obligations européennes.
  • Comme tout a bougé tellement vite, nous pouvons facilement connaître le meilleur et le pire à l’intérieur d’un même mois, d’où l’importance de maintenir le cap sur votre stratégie d’investissement.
  • Nous constatons que la majorité de nos clients n’ont pas dérogé de leur stratégie, ce qui a été heureux : le mois de mai a été le meilleur mois de mai depuis 1990 en termes des rendements du S&P 500, et depuis 1997 pour ceux du Nasdaq.
  • Sortir du marché quand les temps sont durs, c’est se priver du rebond et du rallye qui se produisent immanquablement.

Soyez assurés que vos gestionnaires demeurent à l’affût durant les prochaines semaines et les prochains mois et qu’ils sauront prendre les décisions requises selon l’évolution de la situation et les opportunités qui se présentent.

Nous vous souhaitons un très bel été, et un climat financier au beau fixe!

Daniel Solomon
Daniel Solomon
M Sc., CFA
Vice-président et chef des placements

Yann Furic
Yann Furic
B.B.A., M. Sc., CFAMD
Gestionnaire principal, répartition d’actifs et stratégies alternatives

 

Max D'Alessandro
Max D’Alessandro
CFAMD
Gestionnaire principal, revenu fixe et stratégies alternatives

 

Nous contacter
Nous contacter - Image enveloppe