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Stéphane Girard
MBA, CIMMD, Pl. Fin.

Analyste principal, gestion de gestionnaires et encadrement ESG

Comme au cinéma

L’année 2020 restera certainement gravée dans nos mémoires à cause de cet extraordinaire combinaison d’événements uniques qui l’ont marquée. Pandémie historique, situation politique chaotique, revirements dramatiques, on aurait pu se croire dans un film à grand déploiement dont personne ne connaît la fin…

Retour à la base

2020 se sera aussi révélé une scène grandiose sur laquelle plusieurs des grands principes en investissement se sont déployés et confirmés. Nous vous proposons aujourd’hui une approche un peu plus technique de l’un de ces principes, soit la désynchronisation entre les marchés boursiers et l’économie réelle.

Ramer à contre-courant

Durant l’année, les rendements supérieurs générés par les différents indices semblaient aller à contre-courant de la situation économique. De nombreuses entreprises, particulièrement dans le secteur des services, ont dû cesser leurs activités et mettre à pied leurs employés. Le taux de chômage est monté en flèche. Plusieurs commerces de détail, et particulièrement les boutiques ou petites entreprises familiales, ont également dû mettre la clef sous le paillasson. Un grand nombre ne rouvriront malheureusement jamais leurs portes.

Dans un tel contexte, pourquoi les bourses nord-américaines ont-elles généré des rendements de 5,6 % au Canada, et même de 16,3 % aux États-Unis (en dollars CA)?

Coté ou pas

Tout d’abord, il faut savoir que les entreprises plus régionales et les commerces de proximité ne sont généralement pas cotés en bourse. Ils ont donc un effet limité sur le rendement de l’indice boursier, bien que leur fermeture puisse provoquer des ondes de choc considérables sur l’économie réelle.

Dis-moi ton secteur

Un autre aspect qui explique cette dualité réside dans la composition sectorielle des indices boursiers et de l’économie. Le tableau présente la pondération de chacun des secteurs qui composent l’indice boursier américain S&P 500, ainsi que leur impact sur le produit intérieur brut (PIB) du pays. Vous y remarquerez des décalages parfois considérables.

Une année techno

En 2020, la technologie a été, de loin, le secteur boursier le plus performant. Comme vous pouvez le constater dans le tableau, les entreprises technologiques représentent environ 23 % de l’ensemble de l’indice S&P 500. Cependant, elles ne génèrent que 7 % du PIB. A contrario, les entreprises du secteur industriel produisent près du quart de l’activité économique américaine, mais ne comptent que pour 9 % de l’indice.

En y regardant de plus près et en lien avec notre propos, la pandémie a pesé lourd sur les entreprises du secteur industriel, dont les retombées sont cruciales pour l’économie, mais beaucoup plus limitées pour les marchés boursiers. Inversement, des secteurs comme celui de la technologie ont connu des hausses boursières spectaculaires en 2020, sans retombées économiques équivalentes.

Profits anticipés déjà comptabilisés

Pour comprendre ce paradoxe, il faut saisir la nature même des marchés boursiers, que l’on peut définir comme étant des marchés d’anticipation. Des milliers d’analystes et de gestionnaires de portefeuilles du monde entier scrutent constamment l’univers de l’investissement pour tenter d’anticiper les mouvements à venir et être bien positionnés quand ils se matérialiseront.

Historiquement, les marchés boursiers devancent toujours l’économie réelle de six à neuf mois. Si un investisseur attend de lire de bonnes nouvelles sur l’économie sur sa tablette avant d’investir, il est à peu près certain que ces informations sont dorénavant escomptées dans le prix des titres. Il a donc déjà manqué la bonne affaire.

Plus près de nous, les marchés n’ont pas attendu d’avoir des annonces positives comme celle de la découverte d’un vaccin avant d’amorcer leur remontée : ils ont regardé au-delà de la crise sanitaire pour se positionner longtemps avant la reprise.

Retour de l’épargne

Tous ces éléments vous expliquent pourquoi les rendements boursiers ont si bien fait alors que l’économie était au ralenti. De son côté, l’aide financière des gouvernements est venue bonifier la situation.

Au bilan, cette année tumultueuse aura eu pour conséquence directe une hausse du taux d’épargne des ménages canadiens et américains. À cause de l’incertitude financière ambiante, les gens ont décidé d’investir leur argent plutôt que de le dépenser. Encore un facteur qui favorise les marchés au détriment de l’économie! Comme quoi la superproduction 2020, malgré tous ses rebondissements, pourrait quand même avoir une conclusion heureuse en 2021!

Vous avez des questions concernant cet article ou votre portefeuille? Communiquez avec votre conseiller, qui se fera un plaisir de vous aider.

Stéphane Girard, MBA, CIMMD, Pl. Fin.
Gestionnaire de produits, Pratique professionnelle


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