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Stéphane Girard
MBA, CIMMD, Pl. Fin.

Analyste principal, gestion de gestionnaires et encadrement ESG

Il y avait longtemps que l’on ne parlait plus d’inflation et voilà que le mot a surgi partout, à la une des médias et dans toutes les conversations.

Sa réapparition coïncide avec une conjoncture très particulière, marquée par deux années de bouleversements pandémiques et l’arrêt de l’économie, ainsi que par de nouvelles problématiques comme la pénurie de main-d’œuvre, les changements dans nos habitudes de consommation et surtout, le bris de la chaîne d’approvisionnement mondial.

À tous ces facteurs s’est ajoutée dernièrement l’invasion de l’Ukraine par la Russie et son effet quasi immédiat sur d’importants secteurs de l’économie mondiale.

Cette inflation sera-t-elle temporaire ou plus durable? Le débat est ouvert. Pour mieux comprendre ce qui se passe, nous vous offrons un petit lexique de l’inflation et d’autres formes de déséquilibre économique rencontrés, ainsi que des situations particulières qui les caractérisent.

L’inflation, qu’est-ce que c’est?

L’inflation peut se définir comme une augmentation du prix des biens et services disponibles aux consommateurs. Le plus souvent, on utilise l’indice des prix à la consommation (IPC) à titre de référence. Sur quoi cet indice est-il basé? Sur un panier de biens comprenant plus de 650 articles de consommation courante créé à une date spécifique, avec une valeur de base de 100 $. Le coût de ce même panier est ensuite réévalué ponctuellement, 12 mois plus tard.

La Banque du Canada s’est dotée d’une fourchette cible – entre 1 % et 3 % – en ce qui concerne l’inflation. Lorsque l’augmentation des prix sur une base annuelle demeure à l’intérieur de cette cible, l’économie progresse et les consommateurs peuvent conserver leur pouvoir d’achat grâce aux augmentations salariales, ou encore adapter leurs comportements d’achat sans répercussions importantes sur leur coût de la vie.

Les banques centrales utilisent essentiellement les taux d’intérêt pour contrôler l’inflation.

  • Lorsque le taux directeur augmente, l’accès au crédit devient plus dispendieux et la consommation ralentit.
  • À l’inverse, le taux directeur est abaissé pour stimuler l’activité économique.

D’autres outils sont également disponibles afin d’insuffler une dose d’énergie dans l’économie.

Assouplissement quantitatif ou détente quantitative

On entend beaucoup parler d’assouplissement quantitatif depuis la crise financière de 2008. Il s’agit en fait d’une stratégie qui vise à ajouter de l’argent liquide dans l’économie. Pour ce faire, une banque centrale rachète les obligations qui avaient été émises sur le marché par le gouvernement, ce qui retire des véhicules d’épargne pour les remplacer par de la liquidité, utilisable pour le crédit et la consommation.

Les différents scénarios économiques

L’évolution des prix dans le temps peut également prendre d’autres formes une peu moins connues.

Déflation

Lorsque les prix diminuent d’une année à l’autre et que l’IPC devient négatif, on parle de déflation. Les gouvernements ainsi que les banques centrales tentent d’éviter cette situation. Pourquoi? Parce que si les prix baissent, les profits des entreprises diminuent également. On assiste alors à des licenciements, ce qui provoque une hausse du taux de chômage et une chute des dépenses des ménages.

Pour éviter ce cercle vicieux, les banques centrales utiliseront différents moyens pour stimuler l’économie.

Désinflation

Il s’agit d’un ralentissement de la hausse des prix. Dans le cas de la désinflation, la particularité est que la croissance des prix reste en terrain positif, d’une année à l’autre. Par exemple, si l’inflation passe de 5 % à 2 % en un an, on peut parler d’une période de désinflation.

Stagflation

La stagflation décrit un environnement où l’inflation est élevée et l’activité économique au ralenti, voire en récession. Une certaine inflation est tout à fait normale lorsque l’économie roule à plein régime, mais la situation est plus complexe lorsqu’il faut relancer cette économie.

Si une banque centrale hausse son taux directeur afin de résorber l’inflation, elle pénalise du même coup les entreprises qui, de leur côté, retarderont leurs investissements dans leurs infrastructures ou dans la production de biens et services. Il est beaucoup plus difficile de faire progresser l’économie sans stimuler parallèlement un gain de productivité. Les autorités monétaires se retrouvent alors coincées entre l’arbre et l’écorce.

Les années 1970 et le début des années 1980 ont été un bel exemple de périodes de stagflation. Celle-ci a alors sévi aux États-Unis, au Japon et dans la plupart des pays européens.

Hyperinflation 

Cette situation est extrêmement rare dans les économies développées. L’hyperinflation se définit par une hausse incontrôlée des prix, qui dépasse 50 % par mois. Il en résulte une perte de confiance dans l’ensemble du système économique et monétaire d’un pays. Plusieurs pays sud-américains, dont le Nicaragua, l’Argentine et la Bolivie, se sont retrouvés aux prises avec cette situation dans les années 1980 et 1990. Aujourd’hui encore, le Venezuela est sous le coup d’une hyperinflation endémique.

En conclusion

Tous ces scénarios décrivent des situations de déséquilibre entre l’offre et la demande, dont l’effet est ressenti en première ligne par les consommateurs de biens et services. La situation dans laquelle nous nous trouvons en 2022 continue d’évoluer et nous verrons avec le temps si les actions initiées par les banques centrales auront l’effet stabilisateur espéré.

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