Yann Furic
B.B.A., M. Sc., CFAMD
Gestionnaire principal, répartition d’actifs et stratégies alternatives
Le plan fiscal (Big Beautiful Bill) américain a été approuvé.
Au Canada, le projet de loi C-5 (Loi sur l’unité de l’économie canadienne) a été adopté.
Depuis le 2 avril, les marchés sont en attente du résultat des négociations entourant les tarifs. Le niveau élevé d’indécision ralentit les dépenses des entreprises et possiblement celles des consommateurs.
L’incertitude se poursuit et continue de nuire
Dans le cas des entreprises, l’incertitude concernant le taux des tarifs a pour effet de freiner leurs investissements, même s’ils sont envisagés dans l’optique d’augmenter la production aux États-Unis, ce qui est pour le moins paradoxal.
- À titre d’exemple, une entreprise manufacturière américaine ayant recours à l’automatisation dans ses processus pourrait devoir commander des robots industriels japonais pour augmenter sa productivité et avoir à payer les tarifs de 25 % annoncés dans la lettre envoyée au gouvernement japonais. Comme la possibilité existe que les tarifs seront soit annulés, réduits ou même augmentés et qu’il n’y a aucune indication de la tournure que prendront les événements, il est fort probable que cette décision d’investissement sera reportée.
La durée de la guerre tarifaire aura donc un effet sur l’ensemble de l’économie. L’impact sur les prix pourrait se faire sentir n’importe où dans le monde, une multinationale pouvant décider d’augmenter ses prix dans tous les pays pour diminuer l’impact négatif des tarifs américains.
En résumé, un ralentissement des décisions d’investissement pourrait entraîner des gels d’embauche ou des pertes d’emplois et plonger les économies de différentes régions en récession.
Un scénario impliquant un tarif uniforme de 10 % sur toutes les importations et certains tarifs plus élevés sur des secteurs ciblés permettrait au gouvernement fédéral américain d’aller chercher des revenus supplémentaires et de réduire l’incertitude touchant les consommateurs, ce qui permettrait aux entreprises d’aller de l’avant avec leurs décisions d’investissement.
Présentement, les marchés oscillent toujours entre un ralentissement économique et la probabilité d’une réduction des taux directeurs que la Fed annoncerait en cas de pertes d’emplois, même si l’inflation est encore supérieure aux cibles fixées et l’économie plus vigoureuse qu’escompté. Le déficit fiscal est toujours présent en arrière-plan et exigera éventuellement une sérieuse prise en compte.
Face à la situation actuelle, il semble évident que marchés vont continuer de naviguer entre le ralentissement économique relié aux tarifs et l’augmentation de l’inflation. Ils pourraient aussi se retrouver dans la situation où l’économie parvient à se maintenir, mais où les dépenses gouvernementales sont limitées afin d’éviter le déclenchement de taux d’intérêt élevés qui freineraient l’économie encore davantage.
Au Canada, le gouvernement passe à l’action
Le gouvernement canadien a annoncé une accélération des dépenses militaires pour atteindre la contribution de 5 % du PIB demandée par l’OTAN. Des projets d’infrastructure tels que l’exploitation d’une mine de métaux utilisés par l’industrie militaire pourraient faire partie de cet engagement. L’augmentation de cette contribution à l’OTAN est une demande répétée des Américains et en y répondant, le Canada cherche à démontrer son engagement dans un contexte de négociation commerciale.
Autre action mise de l’avant : l’adoption récente du projet de loi C-5, qui permettra notamment d’augmenter la mobilité de la main-d’œuvre entre les provinces et d’accélérer la réalisation de projets d’intérêt national.
Ce qui a fait bouger les marchés en juin:
- Entrée en vigueur de la majorité des tarifs reportée au 1er août 2025.
- Résultats intéressants pour les marchés boursiers globaux.

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SURVOL DES BOURSES MONDIALES |
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Pays |
Indice |
Rendement |
Évolution |
Rendement cumulatif |
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Canada |
S&P/TSX |
2,91 % |
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10,17 % |
|
États-Unis |
S&P 500 |
4,29 % |
|
0,76 % |
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Nasdaq |
5,83 % |
|
0,43 % |
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Bourses internationales |
EAEO |
1,43 % |
|
13,33 % |
|
Pays émergents |
|
5,21 % |
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9,36 % |
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Chine |
MSCI Chine |
2,93 % |
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11,32 % |
Le rendement indiqué est le rendement total qui inclut le réinvestissement des revenus et des distributions de gains en capital.
Source : Morningstar Direct.
Résultats – obligations canadiennes
L’indice des obligations universelles FTSE Canada, regroupant les obligations, a affiché un rendement positif de 1,44 % depuis le début de l’année (au 30 juin 2025).
Source : Morningstar Direct.
Notre analyse des évènements

Taux directeurs
- Le 18 juin, la Réserve fédérale américaine (Fed) a gardé ses taux à leur niveau actuel. Les potentielles retombées inflationnistes de la politique tarifaire américaine pourraient limiter les réductions de taux en 2025. Lors de la prochaine rencontre de la Fed le 30 juillet, le marché s’attend à l’annonce d’une nouvelle pause, qui devrait être suivie d’une réduction de taux en septembre et en décembre 2025.
- La Banque du Canada (BdC) a conservé son taux directeur à 2,75 % le 4 juin puisque l’inflation s’est maintenue dans sa fourchette cible. L’incertitude concernant l’imposition de tarifs par les États-Unis pourrait modifier la politique monétaire et mener à des baisses de taux supplémentaires. Présentement, les marchés anticipent une baisse de taux en décembre 2025.
Situation de l’emploi
- La création d’emplois aux États-Unis a été plus élevée que prévu en juin, 147 000 emplois ayant été créés face à des attentes de 110 000. Encore une fois, les données du mois dernier ont été révisées à la hausse. L’inflation salariale est encore trop élevée à 3,7 %, comparativement à l’année dernière. On a observé une baisse du taux de chômage à 4,1 %, alors que le nombre moyen d’heures travaillées a également légèrement diminué.
- Au Canada, 83 000 emplois ont été créés en juin, essentiellement du côté des emplois à temps partiel (70 000). Le taux de chômage a reculé de 0,1% pour s’établir à 6,9 %. La croissance des salaires, sur une base annuelle, s’est située à 3,2 %, en lien avec les attentes, et le nombre d’heures travaillées a progressé de 0,5 %
Inflation
- Au Canada, le taux d’inflation annuel a grimpé de 0,2 % en juin pour se situer à 1,9 %. Aux États-Unis, le taux d’inflation annuel s’est accéléré en juin pour atteindre 2,7 %, en hausse de 0,3 % sur le mois précédent et à son niveau le plus élevé depuis février 2025.
Éléments à considérer pour les prochains mois
- La date du 1er août a été annoncée comme la nouvelle échéance pour l’entrée en vigueur de la majorité des tarifs. Il reste encore quelques semaines aux différentes parties pour arriver à trouver un terrain d’entente.
- La réduction de la règlementation dans divers secteurs d’activités aux États-Unis a pour but de maintenir la croissance économique et de favoriser l’investissement. D’autres pays, dont le Canada, devront suivre cette tendance à la déréglementation, au risque d’une perte de compétitivité.
- Une guerre commerciale soutenue par l’utilisation de tarifs sans discrimination pourrait causer un ralentissement économique et augmenter l’inflation. Une telle situation pourrait entraîner un épisode de stagflation, qui constitue scénario économique nettement négatif.
- Tous les scénarios inflationnistes qui auraient pour conséquence de conserver les taux d’intérêt pour les échéances de cinq à dix ans à des niveaux élevés seront à éviter puisqu’ils ralentiraient les investissements des entreprises et le rapatriement des chaînes de production aux États-Unis.
- L’incertitude géopolitique continuera d’être présente avec la guerre Russie-Ukraine, les conflits régionaux au Moyen-Orient, les tensions entre les États-Unis et la Chine et l’annexion possible de Taiwan par le gouvernement chinois.
Indicateurs économiques
Indice global des directeurs d’achats ![]()
Les indicateurs du segment manufacturier sont en baisse, près de la moitié des trente pays qui le composent affichant un indice inférieur à 50 (contraction). Le segment des services continue de se maintenir et reste vigoureux.
Taux d’inflation ![]()
Sur une base globale, l’inflation diminue et continue d’évoluer dans la bonne direction, mais sa vitesse de décélération faiblit toujours. Il semble de plus en plus évident que les banques centrales n’effectueront pas le même nombre de coupures de taux qu’anticipé il y a quelques mois. En 2025, l’imposition de tarifs à l’échelle mondiale et sans discrimination par l’administration américaine pourrait créer des pressions inflationnistes.
Taux directeurs au Canada, en Europe et aux États-Unis ![]()
Les taux d’intérêt sont à la baisse depuis quelques mois maintenant, mais les craintes d’une reprise de l’inflation aux États-Unis devraient limiter de futures réductions. Compte tenu des nombreuses coupures des derniers mois, la plupart des banques centrales attendent maintenant de voir la suite des choses.

Nos vues tactiques
En juin, nous avons maintenu la pondération des actions dans la stratégie de répartition tactique.
Aux États-Unis, la pondération en actions est restée inchangée, ainsi que notre positionnement dans les titres de croissance de grandes capitalisations qui réagissent positivement à une stabilisation des taux d’intérêt et dans ceux qui ont un historique de croissance des dividendes qui sont plus défensifs.
Dans la composante revenu fixe, nous avons maintenu la pondération des obligations, mais augmenté les obligations gouvernementales des pays émergents et celle des obligations corporatives à haut rendement. Nous avons réduit les obligations gouvernementales canadiennes et investit dans des obligations des États-Unis.
Nous continuons de privilégier les titres dans les pays développés et la gestion des risques.
Pour savoir comment nos fonds se sont comportés :
Gestionnaire principal, répartition d’actifs et stratégies alternatives
Source des données : Bloomberg
Les informations contenues aux présentes proviennent de sources que nous jugeons fiables; toutefois, nous n’offrons aucune garantie à l’égard de ces informations et elles pourraient s’avérer incomplètes. Les opinions exprimées sont basées sur notre analyse et interprétation de ces renseignements et ne devraient en aucun cas être considérés comme une recommandation. Pour toutes questions, n’hésitez pas à communiquer avec votre conseiller en gestion de patrimoine ou votre spécialiste en matière fiscale, comptable ou juridique.







